Je revais d'un autre monde .... [Chat du Cheshire}

Invité

Je me retournais dans mon lit et tâtait le mur pour trouver l'interrupteur de ma lampe de chevet. Ne le trouvant pas, j'ouvris difficilement les yeux, papillonnant des paupières. Enfin, je réussit à garder ouvert suffisamment longtemps pour me rendre compte que je n'étais pas chez moi. Non, cette salle remplie de canapés et de fauteuils n'était pas ma chambre, ni aucun endroit que je connaissais. J'essayais de me souvenir d'où j'étais avant de m'endormir, pour expliquer ma présence ici, mais le dernier souvenir que j'avais en mémoire était ma chambre.

Je m'assis sur ce qui se révéla ne pas être mon lit mais un canapé, et aperçut une petite boite circulaire à côté de moi. Curieuse, je l'ouvris et découvrit une quinzaine de biscuits au gingembre, comme je les aimais. Que pouvais-je bien faire dans un lieu comme celui là en chemise de nuit, une boite de biscuits à mes côtés ?

Rapidement, les larmes me montèrent aux yeux et ma vue s'embrouilla. Mais que pouvais-je bien faire ici ? Et où était ce "ici" ? Je pris ma tête dans mes mains, les coudes posés sur les genoux. Il fallait avant tout que je reprennes mes esprits. Cela devait être un mauvais rêve, rien qu'un cauchemar. Dans la vie normale, on ne se réveillait pas dans une pièce inconnue remplie de fauteuils, de coussins ...

C'était un cauchemar, un simple cauchemar ! Je relevais la tête et essuyait mes yeux. Un cauchemar comme les autres. Je me levais, forte de cette conclusion.

"- Un cauchemar ! Un simple cauchemar !

Je souris et saisis un gâteau dans la boite et mordit dedans. Ils étaient bons, même pour des gâteaux de cauchemar.

J'étais sorti me promener, comme la plupart du temps. En rentrant à la maison, je en remarquai rien d'étrange. Ce n'est qu'après avoir déposé mes affaires que j'entendis un bruit en provenance d'une des pièces. Je cessai mon mouvement brusquement et regardai autour de moi. Quel genre de créature pouvait bien être infiltré chez un chat du Cheshire ? Je me le demandais. Sans un bruit, je traversai le couloir, longeant les murs afin d'essayer de savoir de quelle pièce exactement venait le bruit. En même temps, je tentais de m'imaginer ce que je pourrais bien trouver. A la fois curieux et effrayé. Mais la peur d'un chat du Cheshire ne le perturbe pas trop, car il est fou évidemment...
Etendant un son en provenance d'un salon que j'utilisais rarement, et où j'entreposai de nombreuses choses, je m'arrêtai, et ouvrit tout doucement la porte, regardant juste par une fente. Au cas où la créature serait prête à me sauter dessus.
Je vis alors une jeune fille - une humaine ! - allongée dans un fauteuil, mangeant un biscuit. Oooh... Non... J'étais heureux de voir une humaine chez moi, certes, mais il ne fallait pas manger ça... Sans doutes sans qu'elle ne comprît quoi que ce soit, l'humaine se mit brusquement à rétrécir jusqu'à ne plus mesurer qu'une dizaine de centimètres de haut. Tout juste la hauteur de ma main. Heureusement tout de même que ces gâteaux faisaient rétrécir et non grandir, ou mon toit aurait souffert...
Ayant compris que je en risquait rien, j'entrai dans la pièce et m'approchai du fauteuil. Les rideaux étaient fermés et le salon était plongé dans l'obscurité. Arrivé près de l'endroit où était censée se trouver l'humaine, je l'aperçus. Elle était en effet tout petite, ansi, je me penchai et la saisit avec délicatesse dans mes mains. Je la^portai à la hauteur de mon visage, pas trop près pour ne pas lui faire peur.

- Ma Chère, que fais-tu chez moi ? Et pourquoi avoir mangé mes gâteaux ? Ne sais-tu pas qu'il est extrêmement grossier de manger la nourriture des autres sans y être invitée ?

Ainsi, ses pieds se trouvaient à peu près en face de mon menton ; et sa tête, devant mes yeux. Elle aurait sûrement peur face à une si grande créature que moi...

Invité

A peine eus-je mordu dans mon biscuit, que tout sembla devenir plus grand. Mais pourquoi la pièce et les meubles enflaient-ils autant ? Un jeune femme entra dans la pièce, et se mit elle aussi a enfler. Ou alors peut être étais-ce moi qui rétrécissait ?
Je fus coupée dans mes pensées par la jeune femme qui me pris dans le creux de sa paume. Elle me leva à la hauteur de son visage, et je me rendis compte que je ne mesurais même pas la taille de sa tête. Cette histoire de gâteaux rétrécissants me rappelaient quelque chose, mais je ne pus me rappeler quoi. Un film, ou un livre. Mon subconscient - puisque tout cela n'était qu'un cauchemar - avait dû s'en rappeler.

- Ma Chère, que fais-tu chez moi ? Et pourquoi avoir mangé mes gâteaux ? Ne sais-tu pas qu'il est extrêmement grossier de manger la nourriture des autres sans y être
invitée ?

Sa voix paraissait si forte à mes tympans devenus minuscules que je ne pus m'empêcher de couvrir mes oreilles de mes mains. Ce cauchemar était décidément très réaliste. Que lui répondre ? Devais-je m'excuser ? Je décidais que non. Après tout, on ne court aucun réel danger dans un cauchemar.

- Qui êtes vous donc pour me faire la leçon ? De toute façon, ni vous ni ces gâteaux n'existent.

Qu'il était bon de ne pas se laisser faire, pour une fois ! J'étais tellement habituée à m'écraser, à demander pardon. Alors autant en profiter !

Lorsque je parlai, l'humaine devenue si petite porta ses mains à ses oreilles. Lui faisais-je mal ? Avex ma voix si douce qu'un nuage ? Je mes entis vexé...

- Qui êtes vous donc pour me faire la leçon ? De toute façon, ni vous ni ces gâteaux n'existent.

Je penchai la tête sur le côté, étonné. Qu'avait-elle dit ? Etait-ce mes gâteaux qui avaient mélangé tout dans son cerveau ? Cela me semblait être le plus probable... Je posai le bout de mes longs doigts sur la tête de l'humaine et, le plus doucement que je pus, lui caressai les cheveux. Je ne tenais pas à lui faire mal, elle avait l'air si fragile... Elle semblait jeune, plus que moi. J'aurais aimé lui faire un calin, mais avec la taille qu'elle avait à présent, je l'aurait étouffée. Pauvre petite chose...

- Tu sais... J'ai vécu bien longtemps, mais jamais encore je n'ai recontré quelqu'un qui osait prétendre que je n'existais pas...

Je souris largement en étouffant un petit rire et espèrai que je n'avais pas fait peur à mon "invitée". Elle était si mignone en chemise de nuit !

- Moi, je ne suis que le propriétaire de ce manoir, et de ces gâteaux. Tout ce qui est ici m'appartient mon petit chou !

Oui, j'avais dit le propriétaire, trahissant ma nature masculine. J'aimais toujours que les gens découvrent par eux-mêmes que je n'étais pas une fille... Mais après tout, peut-être l'humaine n'y ferait-elle pas attention... Pour le moment, je la posai au creux de la paume de ma main gauche, tout en continuant de caresser ses cheveux de ma main droite. Décidément, je rencontrais beaucoup d'humains ces temps-ci...

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