Nouvelle chance [ Chat du Cheshire]

Isana ne dormait plus pourtant elle faisait tout pour que son corps reste en hibernation. Elle voulait pas se lever car elle savait qu'à ce moment elle ne pourrait plus jamais faire face à ses parents et encore moins à ses camarades de classe, Si elle les revoit un jour! Son destin était déjà tracé, sa faute allait être condamnée et rien ne pouvait changer cela. Elle se résigna et ouvrit doucement les yeux. Mais ce qu'elle voyait n'était pas son sinistre bureau, mais un portail vert métallique. Surprise elle s'assit et regarda autour d'elle. Sa chambre avait disparut laissant place à des rues et des maisons à perte de vue. Elle devait sûrement encore rêver, pourtant la brise arrivait à la faire frissonner. Et si le destin lui avait laissée une nouvelle chance en l'envoyant dans un autre montre ? C'était impossible, après si on devait lui offrir quelque chose ce serait une cage pour l'enfermer...

*Ou des carottes...*

Alors elle sentit son ventre gargouiller, c'était comme si elle n'avait pas mangé depuis dix jours. Avant de savoir où elle était, elle devait remplir son estomac. Elle se mit sur ses jambes et sentit un poids anomale qui tirait sa main gauche vers le sol. Elle regarda celle-ci et remarqua un sac plastique rempli des meilleurs légumes existants dans le monde: des carottes. Elle eut un petit sourire, qui que ce soit qu'il l'avait emmené ici elle le remercia pour cette attention. Elle en prit une avec son autre main et croqua dans la tubercule tout en commençant à avancer.
Les maisons ne ressemblaient à aucune qu'elle avait vue. Elles étaient construites dans des matériaux fantaisistes tels que des gâteaux , des livres et même des coussins. Même leurs formes ne ressemblaient à rien de connues, elle crût même reconnaitre la silhouette d'une théière géante. Tout cela était étrange, même trop étrange pour qu'elle soit quelque part sur Terre, elle devait sûrement se trouver dans un monde parallèle où tout est un élément merveilleux ou étrange. C'est alors qu'elle vit au loin une forme humaine au bout de la route. Toujours en train de manger sa carotte, elle s'avança vers l'ombre et s'immobilisa à dix mètres d'elle. La personne ressemblait vaguement à une femme mais Isana ne pouvait pas se leurrer: les deux grandes oreilles de chat montraient bien qu'elle devenait folle. Enfin elle l'était déjà alors un peu plus n'allait pas changer grand chose. Cette chose possédait de long cheveux blanc-gris et une joli robe noir. Peut-être que les habitants de ce monde étaient tous comme ça. Après une petite hésitation, elle alla à rencontre et demanda de l'air le moins troublé qu'elle put:

" Excusez-moi la chose moitié humaine et moitié chat, je me suis réveillée et j'ignore complément où nous sommes, mais vu votre accoutrement je suppose que vous habitez ici. Vous pourriez me renseigner ?"

Même dans un autre monde, Isana ne changeait pas. Ses mots étaient toujours des lames de rasoir qui lacéraient la pauvre victime devant elle, du moins si elle était normale. Elle finit la carotte et soupira. Si elle se trouvait vraiment dans un autre monde, il y avait peu de chance que les habitants parlent la même langue qu'elle. Mais c'était tout ce qui lui restait d'espoir pour savoir ce qui lui était arrivée. Elle sortit un autre légume et le grignota en attendant que l'étrange autochtone lui réponde. Au moins elle pas finir en prison, enfin peut-être...

Moi, le chat le plus beau de tout le Pays des Merveilles, avait ce matin-là décidé de se promener en ville. Peut-être aurais-je l'occasion de trouver quelques jolies robes, qui m'aideraient encore à me faire passer pour la femme que je n'étais pas. Et cela m'amusait... J'espèrais tout de même de pas rencontrer la Reine, mais il y avait peu de chances : cette petite ne sortait presque jamais par ici.
C'est ainsi, que de bon matin, je me retrouvai déjà à marcher s longs des ruelles sinueuses de la ville de coeur. Cependant, je ne me trouvais pas du côté commerçant de la ville, mais du côté résidentiel. Au milieu de ces maisons, à première vue toutes inhabitées. Et oui, aussi étonant que cela pouvait paraître, il ne vivait presque personne au Pays des Merveilles. Mais ça, peu le savait... Qui tenait les magasins alors me demanderez-vous ? Cela est un mystère que même moi ne pouvait éclaircir. Des gens inconnus de tous s'y trouvaient et vous vendaient leurs babioles.
Marchant, évidemment seul au milieu de la rue, je n'espèrais pas grand chose. Je n'attendais rien. Depuis un temps inimaginable, rien ne s'était passé... Lorsqu'Alice était revenue nous voir, j'avais été vraiment heureux, espèrant que la vie allait devenir plus amusante, mais vite, comme d'habitude, je me suis lassé...

- Excusez-moi la chose moitié humaine et moitié chat, je me suis réveillée et j'ignore complément où nous sommes, mais vu votre accoutrement je suppose que vous habitez ici. Vous pourriez me renseigner ?

Moi ? Etait-ce moi que l'humaine appelait chose ? Quelle grossierté ! Accoutrement ? Ma splandide robe ? Mais... Enfin... Une humaine ? Hum...
Ignorant l'impertinente fille m'ayant abordé, je me lèchai les babines. Quelle adorable fille... Cela me plaisait énormément...
L'enfant perdue attrapa une carotte, sortie d'on ne sait où, et commença à la manger sous mon nez.
Mon sourire s'étira longument son mon visage d'ange, ce qui aurait effrayé n'importe qui. Je me calmai rapidement et fit lentement le tour de la jeune fille, ne la quittant pas des yeux. Elle semblait plutôt inoffensive, mais de la manière dont elle m'avait abordé, il était certain que la petite avait du caractère...

- Allons, je ne peux qu'habiter ici, non ?

Je me glissai derrière la jeune fille qui croquait sur sa carotte et la regardai avec amusement.

La jeune fille continua à fixer l'étrange être jusqu'à qu'il se retourne.Elle fut surprise par la finesse de ses traits et de son visage quasiment humain. Bien qu'elle le léchait les babines, l'expression d'Isana ne changea pas. Il ou elle avait l'air d'être assez particulier vu son regard de prédateur. Elle savait qu'en cas de problème elle pouvait sortir son canif donc elle n'avait rien à craindre. La chose sourit ce qui fit frissonner l'humaine. Cette fois elle était certaine, la chose la voyait comme une proie et non comme un passant. Quel monde de fous! Où qu'elle était elle regrettait sa ville. Remarque il y avait une chance que personne ne sache qui elle était, donc elle pourrait se faire passer pour une personne plus ou moins normal. L'humanoïde répondit à sa question comme s'il était évident qu'il habitait ici et il n'avait pas tort. Elle continua à le fixer et détourna les yeux avant de soupirer, cela ne l'avançait pas à grand chose. Sans qu'elle s'en aperçoivent son interlocuteur avait disparu comme la moitié de sa carotte. Elle se retourna et vit la chose juste derrière elle avec le morceau de carotte volé dans sa bouche.Son regard se durcit et envoya une pichenette sur le visage de l'homme moitié chat. Elle détestait qu'on lui pique sa nourriture surtout quand celle-ci était la meilleure existant. Elle déclara d'un ton sec et dur:

" Ne vous avisez plus à prendre mon repas sinon je ne donne pas cher de votre robe...."

Le visage d'Isana redevint neutre et remarqua qu'elle ne savait pas si elle parlait à une fille ou à un garçon chat. A première vue elle aurait dit que c'était une femme mais peut-être que dans cet univers cela ne marchait pas de la même manière. Elle reprit une carotte et regarda la ville d'un air nostalgique. Elle aurait voulu savoir si tout cela était réelle mais la chose n'avait pas l'air de vouloir coopérer. Si cela se trouvait elle était déjà morte et tout ceci n'était que son dernier rêve. Elle pinça la bête et regarda sa main. Cela ne pouvait que être réelle, elle avait sentit le pouls de l'habitant de ce monde et ça elle ne pouvait pas l'imaginer. Un mince sourire apparut sur son visage. Maintenant elle se fichait de savoir où elle était, elle se situait sûrement quelque part où la logique n'avait pas sa place et cela lui convenait amplement. La jeune brune fixa la bête avec le même sourire étrange. Avec un ton insolent elle la questionna:

" Au fait, vous êtes sourd? Je demandais où nous somme,je n'en ai rien à faire que vous habiter vraiment ici. Mais bon cela ne m'intéresse plus vraiment de le savoir. Par contre je me demandais si vous êtes hermaphrodite. Vous ressemblez à une fille mais vu comment sont les maisons dans le coin je méfie..."

Toutes personnes normales l'auraient étranglée ou seraient vexées vu ses propos. Elle prit une nouvelle carotte et la mâchouilla. Si elle devait rester ici, autant qu'elle prenne du bon temps. Cette fois elle ne voulait pas se casser à faire bonne impression comme lui disait sa garce de mère. Elle continua à regarder la chose dans les yeux et effaça son sourire. Si seulement elle pouvait multiplier le nombre de carottes qu'elle possédaient, elles ne tiendraient sûrement pas la journée....

Sans être prévenu, je reçu une violente pichenette au visage. Quelle honte ! Quelle grossierté ! Personne netouche un chat s'il n'est pas d'accord. Et la demoiselle avait beau être perdue, elle ne perdrait rien pour attendre...

- Ne vous avisez plus à prendre mon repas sinon je ne donne pas cher de votre robe....

- Oh, mais j'ai bien assez de robe comme ça. Une de plus, une de moins.

La fille me fixa avec un air étrange durant quelques minutes, ce qui ne me plu pas trop, avouons le. Puis, la petite me pinça. D'un geste vif et félin, je me dégageai de son emprise. Elle avait l'air satisfaite. Oh oui, très satisfaite... Puis elle me fixa en souriant. Voulait-elle jouer ? Elle perdrait...

- Au fait, vous êtes sourd? Je demandais où nous somme,je n'en ai rien à faire que vous habiter vraiment ici. Mais bon cela ne m'intéresse plus vraiment de le savoir. Par contre je me demandais si vous êtes hermaphrodite. Vous ressemblez à une fille mais vu comment sont les maisons dans le coin je méfie...

- Hermaphrodite ? Non. mais je ne suis pas pour autant une femme...

En un instant, je disparus, m'effaçant et réaparaissant quelques mètres plus loin.

- Vois-tu, je suis un chat.

Je montrai de mes longs doigts mes oreilles et ma queue, au cas où mon interlocutrice n'aurait pas remarqué, puis miaulai doucement.

La jeune fille continuait son repas sans lâcher l'animal des yeux . Un signe de faiblesse aurait pu lui laisser l'avantage et elle ne voulait pas que cela arrive. Tant qu'elle ne serait pas une habitante de ce lieu, elle devait montrer que rien ne pouvait la blesser. C'était ce qui comptait pour l'instant, après peut-être qu'elle s'excusera de s'être comportée ainsi même si elle en doutait. De plus, elle n'avait pas confiance en lui. Qui se fierait à un voleur de carotte ? La chose avait répondu à la menace de la jeune fille d'une manière qui la surprit. Normalement les gens n'aiment pas qu'on s'en prenne à leurs biens. Elle leva le poignet et fixa le bracelet argenté avec un air triste. Il devait lui aussi être furieux contre elle. Elle l'avait enfermé après tout, pourtant elle gardait espoir que ce dernier lui pardonne. Même si elle ne l'aimait plus il restait quelqu'un d'important pour elle. Elle sortit de ses pensées lorsque le chat avoua qu'il était un homme. Elle le fixa et un mince sourire apparut sur son visage. Elle s'imaginait la mode ne correspondait à celle de son monde et encore moins les manières de vivre aussi. Il y avait tellement de choses à apprendre sur cette endroit et elle aurait le temps de tout découvrir. Elle déclara d'un ton cette fois un peu plus doux:

" Alors ici les hommes portent des robes. Dans mon monde ce serait mal vu. Mais une chose comme vous s'en fiche complétement non ?"

Lorsqu'elle eu finit sa phrase. L'homme-chat disparut une nouvelle fois. Elle soupira une nouvelle fois et finit sa tubercule. Elle ne supportait quand les gens partaient sans prévenir, c'est comme si elle n'avait jamais existé. Mais cette fois elle avait bien vu le jeune homme disparaître devant elle, les habitants d'ici ne respectaient pas les lois de la physique. Cela lui rappela vaguement quelque chose,un livre où un chat disparaissait... Il y avait aussi une petite fille qui avaient suivit un lapin blanc. Alors qu'il réapparut, Isana lâcha le sac à carotte et sembla choquée. Avec un voix à demi éteinte elle prononça distinctement:

"Alice im Wunderland..."

Elle était dans le monde D'Alice, mais comment était-elle arrivée là? Elle n'avait pas suivit le lapin blanc même si elle l'aurait voulut. Cette supposition devint rapidement une demi-certitude. Ce monde ne correspondait pas exactement à la description de Lewis Carol mais l'existence de l'homme-chat était une preuve suffisante. Se trouvait-elle dans le livre? Tellement elle était perdue dans ses réflexions qu'elle n'entendit pas la remarque du chat. Après un instant, elle se tourna vers le félin et s'approcha de lui. Elle lui tendit une carotte et ajouta d'un air neutre:

" J'ai pitié de vous le minou, prend cette carotte , je vous l'offre pour m'avoir renseigné. Où que je sois je suppose que je ne pourrais pas revenir en arrière donc autant connaître ses habitants."

Un mince sourire s'afficha sur ses lèvres. Après tout elle ne détestait pas ce chat car il était décalé dans un monde où la folie est la norme. Cette pensé la fit presque rire, cet univers correspondait parfaitement à sa personne. Avec un peu de chance elle pourrait même rencontrer La Reine de Cœur et le Lapin Blanc, mais seule l'avenir lui dira.

- Alors ici les hommes portent des robes. Dans mon monde ce serait mal vu. Mais une chose comme vous s'en fiche complétement non ?

Oooh ! Voici que la petite recommençait à me vouvoyer. Mais 'chose' était encore là pour gâcher mon bon plasir. Le Chat du Cheshire n'avait jamais été une chose et il ne le serait jamais. Cela n'allait pas du tout. Et puis, quand avais-je avoué être un home ? Souhaitait-elle tellement cela ? Quelle petite distraite. D'un bond, histoire de l'impressionner, je me transformai en un grand et poilu chat, un vrai chat. Comme ça elle verrait. Je vint me frotter à ses jambes.

- Aurais-tu mal entendu ? Je n'ai pas dit être un homme. J'ai juste dû avouer ne pas être une femme.

Encore, je me frottai, miaulai, décidé à faire comprendre à cette petite fille perdue à qui elle avait faire. Et puis, si elle se montrait un peu trop agaçante, je pourrais toujours lui jouer un petit tour. Il était évident que j'avais toujours quelques babioles sur moi. Ne pourrais-je pas lui offrir quelque chose à boire ? Elle deviendrait si petite que je pourrais l'emmener partout avec moi. Ca serait si amusant... Ca me changerait des longues journées ennuyeuses passées à ne rien faire. Mais ce n'est qu'à présent que je remarquai que le visage impertinent de la fille avait changé. Elle semblait perturbée et avait laché son sac de légumes. Etait-ce moi qui l'avait faite réagir de telle sorte ? Intéressant...

- Alice im Wunderland...

Finalement, elle redevint à peu près normale et me tendit une carotte.

- J'ai pitié de vous le minou, prend cette carotte , je vous l'offre pour m'avoir renseigné. Où que je sois je suppose que je ne pourrais pas revenir en arrière donc autant connaître ses habitants.

Je regardai la carotte qui m'était tendue et la pris. Bien que je ne comptasse pas la manger.

- Merci, mais les chats ne mangent pas de légumes, sais-tu ?

Une sorte de murmure qui s'était échappé des lèvres entrouvertes de l'humaine me revint à l'esprit. Alice ? Avait-elle parlé d'Alice ? Impossible qu'elle la connaisse. Alice ne fréquentais pas ce genre de gens, c'était évident. Mais pour une fois, ma curiosité passa au dessus de mon sens de la fierté. Je minquiètai.

- Alice ? Tu connais Alice petite ?

En un instant, je repris ma forme humaine, presque collé à la fillette. Je me rapprochai plus encore, mon front contre le sien, mes fins sourcils froncés.

- Comment et d'où connais-tu Alice ?

Elle regarda l'homme se transformer en chat et comprit que c'était vraiment le monde D'Alice. Cette bête était bien le Chat du Cheshire, il n'y avait plus de doute, mais elle ne l'imaginait pas de cette manière. Elle le voyait moins féminin mais cela ne la dérangeait pas, les fous devaient se respecter entre eux après tout. La jeune femme s'accroupit et passa ses doigts dans le pelage du matou. Elle fut surprise par la douceur de l'animal, on aurait dit de la soie. Isana aimait beaucoup les animaux en particulier les lapin. C'était peut-être pour ça d'ailleurs qu'elle aimait autant les carottes et qu'elle était végétarienne. Elle continua de le caresser avec un sourire moqueur. Elle était sûr que le chat prendrait ça comme une provocation même si ce n'était que son côté enfantin qui ressortait. Elle le regarda le chat prendre la carotte et lui répondre qu'il n'allait pas la manger. Cela fit rire la jeune fille. Pourtant il ne s'était pas gêné pour lui en prendre un morceau tout à l'heure, mais elle garda le commentaire pour elle-même. Elle détourna les yeux et haussa les épaules:

" Le régime végétarien existe vous savez ,mon Minou. Mais vu que tu es un chat on va dire que c'est normal d'être réticent..."

Mais depuis qu'elle avait prononçé le prénom d'Alice, le regard de l'animal devint globuleux et la fixait avec attention. Elle pouvait deviner qu'il y avait de la curiosité dans ce regard mais elle ne sut pas sur quoi. Il était si étrange de voir des expressions humaines sur un chat encore plus quand on ne sait pas si à la base c'est un chat ou un homme. Le félin lui demanda avec curiosité si elle connaissait Alice. Elle allait répondre par un mot tranchant mais elle se retint: dans ce monde Alice existait et était sûrement importante. Elle allait répondre lorsque le chaton se transforma en homme-chat et colla son visage contre le sien. Leurs fronts se touchaient et celui de l'animal était bouillant de questions. A cette distance elle pouvait clairement dire que c'était un garçon. Malgré ses traits fins, le côté masculin se montrait timidement. La brune le prit part ses épaules et l'éloigna. D'un ton neutre elle essaya de le rassurer:

" Ne vous inquiétez pas, je vais vous l'expliquer, mais calmez-vous, je n'ai pas envie de me prendre un coup de griffe..."

Il n'était pas facile de se concentrer lorsqu'on vous colle à la peau et elle préférait s'expliquer avant que le chat lui fasse du mal. Lorsqu'elle fut sûre qu'il écouterait sagement , elle toussota et reprit la parole:

" D'où je viens, Alice est considérée comme un personnage imaginaire décrit par un romancier. Il raconte son périple dans le Merveilleux qui ressemble à ce monde. D'ailleurs on parle du Chat du Cheshire dans le roman. Je ne l'ai jamais rencontré et jusqu'à ce matin je croyais qu'elle était issue de l'imagination d'un écrivain un peu fou..."

Elle ne savait pas trop comment allait réagir le chat en apprenant qu'il venait d'un livre donc elle mit sa main dans sa poche pour avoir le canif prêt en cas de problème. Elle prit une carotte de son sac et commença à grignoter le nouveau le légume. Elle prit un air nonchalant s'attendant à ce que la bête la trucide. Elle ne savait pas si c'était mieux de finir en prison ou de se faire déchiqueter par un humanoïde aux oreilles de chat, mais, quitte à choisi,r elle préférait repartir indemne pour cette fois.

La jeune fille s'était mise à me caresser doucement. Hum... Je me mis à ronronner sans pouvoir me contrôler. Je ne pouvais définitevement pas résister à ce petit plaisir. Mon poil soyeux était maintenant tout ébouriffé du passage de ses doigts contre mon dos. La fille me regardais avec un sourire qui ne me plaisait guère... Je miaulai encore et sourit énormément. Alors, qui avait les dents les plus blanches et les plus pointues ? C'était moi !
A présent, front contre front, nous nous regardions. Son visage trahissait bien des sentiments, bien des pensées. Avait-elle peur de moi ? Oooh... Tout de même pas... Mais elle m'atrappa par les épaules et me repoussa loin d'elle. Mon contact lui déplaisait ? Pfff... Elle n'avait en effet pas l'air très à l'aise si proche de moi, mais elle tâcha de faire apparaître un air neutre sur son visage. Mais ses courts cheveux bruns étaient décoiffés, elle semblait épuisée et faible malgré les légumes qu'elle avait avalé. Elle ne pouvait cacher son état, pas à moi. J'ignorais comment elle était arrivée au Pays des Merveilles - oh, comme je détestais ignorer quelque chose - et ne le saurais pas à moins de lui demander. Mais peut-être elle-même ignorait-elle la vérité...

- Ne vous inquiétez pas, je vais vous l'expliquer, mais calmez-vous, je n'ai pas envie de me prendre un coup de griffe...

Oui, son ton était plus bas qu'avant, plus calme. Il était temps qu'elle maîtrise ses ardeurs la fillette ! Elle s'était tue. Continuerait-elle ses explications ? Il le fallait, car le Chat du Cheshire sait tout, les choses sont faites ainsi. Alors la fille toussa et reprit.

- D'où je viens, Alice est considérée comme un personnage imaginaire décrit par un romancier. Il raconte son périple dans le Merveilleux qui ressemble à ce monde. D'ailleurs on parle du Chat du Cheshire dans le roman. Je ne l'ai jamais rencontré et jusqu'à ce matin je croyais qu'elle était issue de l'imagination d'un écrivain un peu fou...

Lorsqu'enfin elle eut terminé ses explications, je fermai les yeux et remontrai mon sourire monstrueux. Puis, je reprit mon visage normal. Cette expression de folie sur mon visage n'avait duré qu'un instant.

- Le Chat du Cheshire ? Mais c'est moi. Alors je suis célèbre dans le monde entier, même dans le tien ? Hum... Quel plaisr que de savoir ça. Tu sais, petite fille perdue, les gens viennent de temps en temps me demander quel chemin il doivent suivre, ou me poser une question. Je suis leur guide. Alors au fond, il est bien normal que je sois connu ainsi.

J'étouffai un rire derrière ma main Je marchai vers l'humaine, souriant gentiment. Soudain, de nul part, je sortis un facon de verre, rempli d'un liquide transparent. Une étiquette, attaché au bouchon par un fil doré disait : "Bois moi". Etrange boisson, n'est-ce pas ? En un clin d'oeil, celui la buvant rétrécissait, proportionnelement à la quantité ingurgitée. De plus, la substance contenue dans le flacon n'avait pas un goût prédéfini. Selon votre imagination, sa saveur variait. J'ajoutai quelques,explications.

- Ne veux-tu pas boire quelque chose ? Pour faire passer les légumes orange ?

Boira, boira pas ? Nous verrions bien si elle se laisserait pièger...

Elle n'avait pas lâché l'homme-chat des yeux et avait remarqué son instant de folie. Même si cela n'avait duré qu'un instant, Isana avait entrevu l'air inhumain et monstrueux. C'était le même sourire que faisait sa mère lorsqu'elle avait découvert son secret. Il mijotait quelque chose, elle en était certaine. Mais la jeune fille ne laissa transparaître aucune émotion. S'il savait qu'elle le soupçonnait d'un mauvais coups il ne se laisserait pas prendre et gagnerait ce combat de domination. De plus elle voulait goûter à la satisfaction de l'humilier un peu plus longtemps. Elle imaginait bien que ce but égoïste lui aurait valu une jolie médaille, cependant elle ne pouvait pas permettre l'imperfection de la manœuvre. De plus le contact qu'elle avait eut avec la chose la brûlait encore, elle ne savait pas si c'était un de ses pouvoirs ou simplement sa propre fatigue qu'il lui faisait cet effet. Elle ne pouvait pas cacher qu'elle était exténuée et pleine de courbatures, elle supposa que c'était dû à son petit somme sur les cailloux mais cela ne soulageait pas sa douleur. La réaction de l'homme était assez surprenante. Il semblait fière qu'on le connaissait par le biais d'un livre. Elle ferma les yeux un instant et essaya de comprendre. Peut-être que cette forme de célébrité lui plaisait mais à sa place elle ne se serait pas contenter de cela.
C'est alors que le Chat du Cheshire fit apparaitre un fiole de nulle part, la versa dans un verre et lui proposa celui-ci pour faire passer les carottes qu'elle avait avalées . Elle posa le sac de tubercules devant elle et prit le cadeau de la bête. Même si cela ressemblait à l'eau, le sourire trop gentil du minou lui indiqua que c'était sûrement un poison qui mettrait fin à ses jours en trois secondes. Elle fit tournoyer le récipient et une goutte tomba sur une herbe trônant en plein milieu de la route. La pauvre victime avait rétrécie de moitié en instant . Isana fit mine de ne pas voir l'accident et continua de fixer le verre.

" C'est gentil de votre part, d'ailleurs c'est un miracle que vous ne m'ayez pas encore saigné, je devrais être reconnaissante envers vous ... Mais je crois qu'un insecte est tombée dedans, regardez."

Bien sûr ceci était totalement faux, mais elle n'avait pas envie de rétrécir comme Alice lorsqu'elle voulu sortir de la maison. Elle fit un pas mais le sac l'empêcha d'exécuter son mouvement habituel. Elle bascula et s'écrasa sur le sol. Ce n'était pas prévue, normalement le chat aurait remarquer la supercherie et le jeune fille aurait prononcé d'un ton las: " C'est parce que même eux ne voudrais pas de cette boisson ...". Maintenant elle était couverte de saleté et elle venait de perdre toute crédibilité. Elle s'assit et remarqua que le verre était vide. Elle regarda le travesti: il était trempé. Le visage de la jeune fille se transforma instantanément et rit vraiment pour la première qu'elle était arrivée dans ce monde. Elle ne l'avait pas loupé et elle était sûre qu'il allait se venger d'une manière ou d'une autre, mais elle ne put s'arrêter de rire. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas amusée de cette manière, c'était comme si enfin elle était libre de toutes responsabilités. Elle mit un moment pour se calmer puis elle déclara avec une certaine pointe d'ironie:

"Heureusement que ce n'était que de l'eau, si cela aurait été de l'acide vous auriez pu dit adieu à votre robe et à votre corps... Même si j'ai gâché ce qui aurait assurer que vos plantes ne manquent pas d'eau, avouez que c'est hilarant, non?"

Elle se releva et reprit son air neutre. Le résultat était vraiment au dessus de ses espérances même si ce coup n'était pas volontaire. Elle le fixa droit dans les yeux et ne bougea plus. Il était vraiment étrange de voir que la personne devant vous ne réagissait pas du tout à cet affront, du moins pour l'instant. Elle se demandait si il allait rétrécir comme la plante. Mais peut-être que les habitants de ce lieu n'étaient pas affectés par leurs propres magies. Si c'était le cas alors elle aurait beaucoup de soucis à se faire. Mais maintenant elle ne regrettait plus grand chose, c'était comme si les événements de la veille n'avaient jamais eu lieu et qu'elle avait toujours vécu dans le monde des fous. Ce sentiment lui plaisait. Elle avait hâte de rencontrer les autres habitants et voir quels tours ils allait lui jouer et qu'elle allait désamorcer ....

Dès qu'elle eut pris le beau verre que je lui tendais, l'humaine posa son sac de légumes sur le sol pvé de la ville. Nous étions toujours seul dans la rue. Peut-être même seuls dans la ville. Si la fille n'avait pas été avec moi, je serais déjà monté en haut d'un toit pour admirer la vue. Enfin, si elle rétrécissait après avoir bu le liquide, je pourrais la prendre en main pour la mener la haut. Du dessus des toits, on pouvait voir la ville de coeur entière, avec ses maisons de formes et de couleurs différentes, ses longs canaux, le palais de la Reine, entouré par son jardin. Regarder ça devrait être impressionant pour quelqu'un dont le monde était sans doute plus que différent... Quittant mes pensées, je remarquai que l'humaine n'avait pas encore bu. Se méfiait-elle ? Boirait-elle même le verre que je lui avait gracieusement offert ? Elle était là, à faire tournoyer la potion dans son récipient comme une petite fille. Mon regard félin ne manqua pas la goutte qui lentement coula jusqu'au sol, jusqu'au quelques brins d'herbe qui dépassaient d'entre les pavés. Mais je n'y prêtai guère attention. J'étais focalisé par l'humaine : boirait-elle, ne boirait-elle pas ? C'était toute une question qui pour moi, à cet instant, était plus importante que tout le reste. J'avais trouvé enfin une personne avec qui m'amuser. Alice était venue il y a si longtemps déjà...

- C'est gentil de votre part, d'ailleurs c'est un miracle que vous ne m'ayez pas encore saigné, je devrais être reconnaissante envers vous ... Mais je crois qu'un insecte est tombée dedans, regardez.

Moi ? La saigner ? Etais-je ce genre d'animal ? Bien sûr que non ! Pour quel genre de chat me prenait la demoiselle ? J'avais beau me tenir souvent dans un arbre, je n'étais pas un chat errant. Peu de chat ont la prétention de pouvoir vivre dans un manoir. Pour en revenir à l'histoire du verre, le fait qu'il y ait un insecte me semblait louche. Il y avait très peu d'insectes au Pays des Merveilles. Beaucoup de bestioles dans ma forêt, mais pas énormément d'insectes. Curieux et étonné, je tendis le cou afin d'espèrer voir une quelconque créature dans mon verre. C'est à son moment-là que la fille se prit les pieds dans son sac de légumes et tomba en avant. Le contenu du verre m'atterit dessus. Ma première préoccupation fut de ne rien avaler. Une goutte s'était posée sur mes lèvres et tentait de se glisser entre elles. D'un souffle, je la chassai. Pfffou... J'étais sauf...

- Heureusement que ce n'était que de l'eau, si cela aurait été de l'acide vous auriez pu dit adieu à votre robe et à votre corps... Même si j'ai gâché ce qui aurait assurer que vos plantes ne manquent pas d'eau, avouez que c'est hilarant, non ?

Je ne me souciai qu'à ce moment de l'humaine qui, pour la première fois, riait aux éclats. Puis, elle se calma et se releva. Elle avait repris son visage sans expression. Dommage... Je'aurais pour être franc, bien aimé qu'elle reste un peu comme ça. Les personnes joyeuses étaient rares de nos jours...

- Ne veux-tu pas voir la ville, petite ?

Je souris doucement, la regardant d'un air charmeur. Je n'avais pas réagi à l'incident qui faisait que je dégoulinait à présent d'un liquide incolore. Ca ne m'importait pas trop pour le moment. Je n'étais pas sale, juste un peu - ou plutôt très - mouillé. Il me suffirait de prendre un bain chaud et de me changer en rentrant. Serait-elle étonnée de mon manque de réaction ?

- Au fait, ma demoiselle, tu ne m'as pas encore dit ton nom. Tu sais qui je suis, non ? Présente toi comme le ferait une personne polie.

Isana fut surprise que le chat ne rétrécît pas. Peut-être qu'il fallait l'avaler pour que le produit fisse son effet. Ce n'était pas plus mal, au moins elle n'aurait pas à assumer de le surveiller le temps qu'il se retransformât. En même temps cela l'aurait un peu gênée, l'animal était la seule personne qu'elle connaissait dans ce monde et elle ne pouvait pas se permettre de perdre cette aide si précieuse. La jeune fille reprit son sac et s'approcha du félin. Puis elle commença à essuyer le visage et les cheveux de l'autochtone. Elle avait supposée que comme il était un chat il ne devait pas aimer le contact du liquide sur sa peau. Pendant que la jeune femme faisait sa besogne, elle évitait de regarder le chaton dans les yeux. Sinon elle aurait été obligée de lancer un commentaire désobligeant. La brunette préférait le silence par dessus tout et surtout quand elle faisait de l'altruisme.
Quand la peau de l'habitant de ce monde fut assez sèche, elle recula et admira son travail. Un sourire de satisfaction apparut sur son visage. Même si ses vêtements étaient encore trempés, au moins il ne pourrait pas se plaindre qu'elle n'ait pas essayé de s'excuser. De plus elle avait tenté de remettre les fils qui lui servaient de crinière en place pour faire en sorte que, quand il rentrera pour se laver, il sera plus facile à recoiffer. Elle ouvrit la bouche et ne put se retenir de commenter:

" Je ne sais pas si cela rend mieux maintenant... Peut-être aurait-je dû vous laisser avec cette eau froide, paraît-il que cela hydrate bien la peau ."

Elle eût un petit rire. Comme si ce produit allait vraiment faire effet ! Elle n'avait jamais compris l'intérêt de toute les baumes hydratantes que sa mère utilisaient. Elle s'en servait puis en faire une texture collante et odorante qui éloignait les insectes à plus de cinq kilomètre à la ronde. Mais cette fois le ton de la phrase était léger, comme si elle voulait vraiment partager quelque avec son interlocuteur. Mais peut-être était-ce simplement le mal du pays et qu'elle se servait de l'animal comme point de repère et donc elle devait s'entendre avec lui.
Quand le chat du Cheshire lui proposa de voir la ville, elle tourna la tête et regarda la rue. Elle ignorait comment était grande cette ville mais elle supposa qu'elle n'était pas construite comme les agglomérations de son monde. Elle fut d'ailleurs étonnée que personne ne soit passée depuis qu'elle discutait avec le jeune garçon. De plus elle n'avait entendu aucun bruit, même pas celui d'un insecte alors que le soleil chauffait à une température plus que suffisante. Peut-être que la ville avait été désertée ou que les autres habitants étaient des fantômes. Mais si c'était le cas alors pourquoi avaient-ils besoin de maison? En y repensant peut-être qu'elle aussi aurait une maison si elle se décidait à vivre ici. Elle regarda son sac de carottes avec un mince sourire. Sa maison sera en forme de carottes ça c'était certain, et un potager où elle pourrait faire pousser des légume et de fruits. Il voulait un pommier et un poirier pour choisir entre les bons et les mauvais jours. Elle mit un moment avant de retourner dans le monde réel et, réalisant qu'elle avait fait poireauter son guide, elle répondit d'un ton neutre :

" Pourquoi pas, Minou. Mais je me demandais, y a-t-il beaucoup d'habitants dans cette ville ? Car pour l'instant je n'ai vu personne ..."

Elle n'ignorait pas que sa question était d'une banalité ennuyeuse mais sa curiosité avait dépassé sa raison . Elle prit une nouvelle carotte et en croqua le bout. Décidément elle n'échangerait pas sa place contre tout l'or du monde, mais elle était pour l'instant plus normale que l'unique habitant du Royaume d'Alice et trouvait ça plus qu'étrange. Elle fixa le chat un instant et afficha un sourire à moitié sincère et à moitié moqueur. Même s'il était rare qu'un homme s'habille en femme, elle trouvait cela amusant après tout, alors qu'au début elle n'aimait pas trop cela. L'animal lui demanda de se présenter et elle réalisa qu'elle ne connaissait rien de la bête à part son titre. Alors Isana s'inclina, rendant l'atmosphère étrange et déclara le sourire aux lèvres:

" Excusez-moi, je me nomme Isana Garten et je viens d'Allemagne même si je pense que vous ignorez complètement où ça se situe... Et vous Minou, vous avez un prénom ? Si vous me sortez un Caramel ou Tigrou je ne promets de garder mon sérieux. Il ne faut jamais me tendre la perche ..."

Cette fois, elle jouait la franchise. Même si elle n'ignorait pas qu'elle avait pris un mauvais départ, mais elle considéra que les dialogues d'avant n'était juste qu'un échauffement. Après tout elle n'était pas dans toute sa forme.
Elle regarda le ciel en attendant une réponse de Cheshire. Il faisait vraiment beau dans le monde d'Alice, elle aurait aimé visiter ce Royaume mais elle devait déjà commençait par le dédale de la ville ...

Je ne m'attendais pas à une réaction véritable de la part de l'humaine. Elle n'avait à priori pas l'air d'un genre à s'attendrir au premier chat passant. Pourtant, je la vis s'approcher de moi et tendre la main vers mon visage. Je suivai ses doigts des yeux, sans bouger. je respirais si calmement que mon souffle était presque inexistant. je restai dans le silence tandis que la jeune fille m'essuyait la peau. Elle était la première visiteuse que j'avais rencontré depuis des années et j'espèrais pouvoir m'amuser beaucoup avec elle. Ne veniat-elle pas de me prouver qu'elle pouvait faire preuve d'une grande douceur ? Si, bien sûr... Mais si elle était ici, n'était-ce pas qu'elle était aussi folle que nous ? Elle cachait cependant autre chose. Une fragilité que même moi ne saurait comprendre. J'aimais le contact de ses doigts fins sur mon visages et dans mes cheveux. Bien qu'elle n'eût pas l'air de s'en rendre compte. Après tout, j'étais le genre de chat qui aimait être caressé et dorloté.
Lorsqu'elle s'écarta de moi, un adorable air satisfait collé au visage, elle me dévisagea intensément, avant de retrouver son air ironique.

- Je ne sais pas si cela rend mieux maintenant... Peut-être aurait-je dû vous laisser avec cette eau froide, paraît-il que cela hydrate bien la peau .

Elle avait déjà l'air plus heureuse qu'à notre rencontre, quelques minutes auparavant. Mais il était impossible de cacher quelque chose à Cheshire. C'était une certitude. C'est pourquoi je sus que je finirais par lui faire m'expliquer tout. Mais pas maintenant. Elle était en train de réfléchir, supposais-je, à ma proposition de voir la ville. Et soudain, elle revint dans notre monde.

- Pourquoi pas, Minou. Mais je me demandais, y a-t-il beaucoup d'habitants dans cette ville ? Car pour l'instant je n'ai vu personne ...

- Quelle amusante question ! Cela dépend beaucoup de ce que tu appelles beaucoup. Il y en a cinquante-cinq.

Je marquai une pause, regardant tendrement la petite fille perdue qui me faisait face, puis repris.

- Je t'expliquerai tout une fois en haut...

Enfin, après avoir croqué dans un nouveau légume, l'humaine se présenta, s'inclinant.

- Excusez-moi, je me nomme Isana Garten et je viens d'Allemagne même si je pense que vous ignorez complètement où ça se situe... Et vous Minou, vous avez un prénom ? Si vous me sortez un Caramel ou Tigrou je ne promets de garder mon sérieux. Il ne faut jamais me tendre la perche ...

Immédiatement, je répondis, joyeux.

- Je ne sais en fait rien "Dalemanye" comme tu l'appelles, et je ne m'intéresserai pas à savoir ouù cela se trouve. Si tu te nommes Isana, je t'appelerai Sana. quand à ton nom de famille, tu peux l'oublier, tu n'en aura sans doute pas besoin ici. Tâche juste de te souvenir de ton prénom. Quant à moi, on m'alle Cheshire. C'est tout.

Sana s'était mise à regarder le ciel. Etait-il bleu chez elle aussi ? Peut-être jaune, cela serait joli ! Je ressortis une autre fiole de liquide rétrecissant et la brandis sous les yeux de mon humaine.

- Pour visiter, ceci aurait tout de même été plus pratique, mais bon...

Sans prévenir et avec une force sortie d'on ne sait où, j'attrappai Sana et bondit contre le mur. Celui-ci était haut, très haut. Mais en courant ainsi, portant la jeuen fille, je parvenait à rester comme collé. Finalement, je bondis sur le toit et lâchai la fille. D'ici, sur une longue distance, s'étendait la magnifique ville. De longues rues, des maisons de toutes les couleurs et de toutes les formes et pourtant si harmonieuses ; des canaux qui semblaient s'élever dans le ciel ou disparaître par endroit. Et au centre, en hauteur et pourtant en contrebas, le château, si grand, entouré d'une masse de verdure. Je ne dis rien, laissant à Sana le temps de savourer la vue.

Le regard du chat était si profond qu'il transperça le cœur de la jeune fille. Bien qu'elle ne savait pas lire les pensées des humains, elle pouvaient reconnaître les yeux remplis de questions que lui lançait à cet instant l'animal. Elle espérait qu'il garde ses interrogations pour lui. En effet, Isana détestait parler de son passé. D'une part elle trouvait cela indiscret: ne pouvait-il pas se contenter de leur propre histoire? D'autre part, elle considérait le passé comme quelque chose qui n'avait plus aucune importance: qu'est-ce que cela changerait si dans l'autre monde elle avait enfermé un homme parce qu'elle avait crû qu'il voyait une autre? Elle regarda le jeune homme d'un air neutre. Peut-être qu'un jour elle lui dirait son forfait, si elle était obligée. Elle ne savait pas vraiment comment, mais la bête semblait arriver toujours à comprendre si ses actes étaient naturels ou pas. Possédait-il un pouvoir pour mieux manipuler les gens pour son bonheur personnel ? Plus elle y réfléchissait, plus cela semblait possible. On était bien dans un monde où il existait des boissons pour rapetisser et un chat qu'il se transformait en homme...
Cheshire précisa qu'il y avait cinquante-cinq habitants et la brune fut très surprise. Elle regarda autour d'elle et compta les résidences avoisinantes. Elle en comptait déjà vingt-cinq rien qu'en observant autour d'elle. C'était donc bien une ville de fantômes bien que ceux-là n'était pas présent. Un sourire apparut sur son visage. Il y avait donc une chance de pouvoir habiter dans ses lieux sans avoir besoin de construire sa propre maison. Elle se reprocha un peu du jeune homme et lui demanda avec un peu de curiosité:

" Vous pensez que je pourrais avoir une maison en dépensant presque rien? Parce que vu que presque personne n'habite ici je suis sûr que les araignées sont les maitresses du Royaume après la Reine de Cœur..."

Bien sûr elle ne plaisantait qu'à moitié. Si elle voulait rester dans ce monde elle devait trouver un endroit où se loger. Elle ne voulait pas demander l'asile politique à l'habitant car elle redoutait de devoir dormir dans un panier et manger des souris ce qui était contre ses convictions. De plus, depuis qu'elle était au collège, elle rêvait de vivre dans une maison qu'elle n'aurait pas besoin de partager avec sa mère et son triste père. Cela aurait été un moyen pour rendre sa vie plus libre et avec moins de responsabilité envers ses parents. Mais c'était impossible vu le prix de l'immobilier et son âge. Mais maintenant personne ne pouvait l'arrêter non?
Mais elle entendit le chat parler de haut. Elle pencha la tête en signe d'interrogation. Y avait-il une tour où elle pourrait avoir une vu de la ville? Elle regarda le château avec un air sombre. Elle doutait que la Reine laisse quiconque entrer dans le château sans lui couper la tête. Il était donc impossible que l'animal l'emmène là-bas. D'ailleurs si il y avait une reine un roi devait exister. Elle imagina un roi sanguinaire ce qui la fit frissonner. Il valait mieux se tenir à carreau dans ce monde …
Le chat semblait s'en ficher totalement d'où elle venait. La brune affichait un immense sourire qui lui fendait le visage. C'était parfait! Elle voulait oublier son pays le plus rapidement possible et ainsi elle n'aurait pas le besoin de se justifier. La jeune fille se plaça derrière le chat et, dans son oreille, elle lui souffla:

" Vous vous appelez donc Cheshire ? Je m'attendais pas à un nom aussi étrange... Je crois que je vais plutôt vous appelez Minou puisque que vous daignez mon nom de famille. Vous savez qu'il est impoli de donner un surnom aux inconnus? Mais comme vous êtes un chat je ne vais pas me gêner pour que votre vie soit un enfer ..."

Elle était bien sûr ironique, elle savait bien qu'il était plus amusant de se moquer de ses amis que de ses ennemis. Elle regarda la fiole avec un mince sourire. Elle n'avait aucune envie de rétrécir et décida de prendre ses distances. Mais lorsqu'elle s'éloigna un peu, le sol avait disparut. Elle regarda l'homme avec un regard choqué. Il avait la force de sauter avec elle en défiant la gravité. Elle retrouva rapidement sur un toit et leur course s'arrêta. Elle observa la vue les yeux illuminés d'admiration. Il y avait tant de maisons différentes, tant de routes et tant de verdures pour une ville de cinquante-cinq habitants. De là, le château semblait encore plus grand et son toit si rouge semblait embraser l'océan qu'était le ciel. Autour de la ville se trouvait une muraille multicolore, sûrement peinte par des habitants qui s'ennuyaient. En ne bougeant pas, la jeune humaine articula :

" C'est magnifique ... C'est décidé, je veux avoir une maison dans cette ville ! Minou, vous pourriez me trouver quelque chose qui me conviendrai ?"

Le visage d'Isana brûlait d'une joie immense, ce monde était plus grand qu'elle l'imaginait. En tout cas assez pour contenir sa folie. Elle regarda son bracelet et son regard s'assombrit. Elle n'arrivait pas à oublier le visage effrayé de son ami. Pourtant ceci n'avait plus d'importance, elle ne se réveillerait jamais, elle le savait. Elle détacha l'objet et se prépara à le lancer. Pourtant, quelque chose l'empêcha de le lâcher. Peut-être était-ce son bon sens qu'il lui disait qu'elle ne pourrait pas changer et que elle finirait tôt ou tard à recommencer. Elle reprit son regard neutre et fourra l'objet dans sa poche. Est-ce quelqu'un pourrait la soigner un jour? Elle regarda furtivement le chat avec un micro-sourire. Au moins elle avait un ami, ce qui n'était pas si mal ...

Lorsque j'eus précisé combien de personne vivaient en ces murs, Sana parut surprise et intéressée. Elle s'approcha de moi et me questionna intensément.

- Vous pensez que je pourrais avoir une maison en dépensant presque rien? Parce que vu que presque personne n'habite ici je suis sûr que les araignées sont les maitresses du Royaume après la Reine de Cœur...

- Hum... A ce propos, lorsque je t'ai dit le nombre d'habitants, j'avais oublié un détail. Il y en a en réalité cinquante-six...

Je n'avais pas répondu à la question, elle finirait par comprendre toute seule, car, il était évident que Sana était une jeune fille intelligente. Par contre elle avait tort. Il était évident que même les araignées avaient plus d'autorité sur nous que la Reine... Pff.... Sa Majesté et moi ne nous entendions jamais, depuis toujours. De nombresuses fois, elle avait voulu me couper la tête. Mais finalement, je l'avais toujours, n'est-ce pas ? La parole de cette fille n'était rien... Cette pensée me fit éouffer un petit rire.
Je cru comprendre à ce moment qu'Isana comptait m'appeler Minou, et non Cheshire. Mais ne l'avait-elle pas déjà fait avant de connaître mon identité ? Bien sûr... Ma vie un enfer ? Elle l'était déjà voyons ! L'enfer n'est rien comparé à une éternité d'ennui ici ! Mais à présent qu'une autre humaine était venue, les choses allaient peut-être s'arranger.
Isana ne parla plus jusqu'à ce que nous soyons face à la splendide vue de la ville. Il était certain que nul part dans son monde, les choses n'étaient si belles. Elle pouvait bien se sentir impressionnée....

- C'est magnifique ... C'est décidé, je veux avoir une maison dans cette ville ! Minou, vous pourriez me trouver quelque chose qui me conviendrai ?

Elle ne bougeait pas, mais dans ses yeux, je voyais toutes sortes de sentiments qui se mélangeaient, se boulversaient. Sana semblait ailleurs tout en parlant. Je la vis ôter son bracelet et tendre la main vers le vide qui se tenait quelques centimèters devant nos pieds. Au fond, coulait de l'eau à grande vitesse. Je ne savais aps où elle menait, ni d'où elle venait. C'était un des mystères de la ville. Un instant, je cru que mon amie allait lâcher son objet, mais elle sembla changer d'avis et le remis dans sa poche. Je souris, calmement, et ne répondis qu'à ce moment.

- Ce n'est pas le Hasard qui t'a conduite ici, mais le Destin. Tout est sans doute déjà prévu pour toi. Une maison, ainsi qu'un travail.

Le vent fit voler mes longs cheveux blanc qui vinrent devant mes yeux. De ma main, je les mis derrière mes oreilles.

Un petit sourire était présente sur le visage de l'adolescente. Il avait rectifié le nombre d'habitants à cinquante-six. Même si elle venait d'arriver depuis peu de temps, elle était déjà considérée comme une habitante des lieux? Elle ferma les yeux et réfléchit un instant. Cela signifiait deux choses: d'abord que ce monde ne la laissera plus partir, ensuite qu'elle n'était pas la première humaine à s'être échouée dans cette dimension. Cela aurait dû la réconforter mais ce ne fut pas le cas. Il y avait une chance, qu'un jour, quelqu'un de son pays atterrisse ici et elle ne pourra pas cacher plus longtemps son secret. Mais cette malchance n'arriverait sûrement pas.
Elle continua à regarder la ville tout en écoutant les propos sans queue ni tête du chat. Isana avait dû mal à croire qu'une force supérieure existe. Comment expliquerai-t-on que tout ne soit parfait si on était les pions d'un dieu quelque peu responsable? Mais étrangement, elle comprenait parfaitement que cette dimension soit régit par un être lunatique et fou. Après tout, elle était dans la suite du livre d'Alice, donc tout était permis. Elle concentra son regard sur le visage de Cheshire avec un petit air moqueur. L'animal ne pouvait pas comprendre l'importance de ce qu'il venait de dire. Alors qu'elle n'était qu'une personne parmi tant d'autres, elle était maintenant une des élues fous à lier qui peuvent se repentir en ce lieu. Elle dit sans trahir une seule émotion:

"Tu veux dire que ma maison est déjà construite et n'attend plus que moi? Si on était dans mon monde, on prendrait ça pour du n'importe quoi..."

Bien sûr elle l'avait tutoyé volontairement. Le vouvoiement était un moyen pour elle de garder une distance avec son interlocuteur. Mais maintenant, Minou n'était plus une vulgaire chose, c'était un chose qui avait un nom ce qui était plus ou moins une évolution. Le vent avait fait virevolter les cheveux du jeune et elle oublia un instant qu'il en était un. Elle se demanda comment il pouvait ressembler les cheveux courts et avec une tenue neutre. En y réfléchissant elle ne pouvait pas s'imaginer Cheshire en homme comme on ne pouvait pas imaginer un chien en chat. Cela n'était pas très important car même en fille, le bête était agréable à regarder, du moins au goût de la jeune fille. Elle regarda ensuite le sol et commença à descendre grâce à la gouttière. Bien sûr cela manquait de finesse et de délicatesse mais, à la différence du félin, elle n'était pas dotée de super saut digne de Mario et d'un équilibre hors du commun pour pouvoir se rétablir. Lorsque ses pieds touchèrent l'herbe, l'adolescente soupira avec soulagement. Elle n'avait pas trébuché cette fois. Elle éleva son regard vers le chat, d'ici il paraissait vraiment grand qu'on aurait crû qu'il dépassait le château. Elle déclara avec un air neutre:

" ...Mais dans ce monde tout est possible. Je vais chercher ma demeure si cela ne te dérange pas. Si tu veux me dire quelque chose avant que je parte c'est maintenant ou jamais."

Isana récupéra son sac de légumes oranges et tourna les talons rapidement . Elle ignorait complètement dans quelle direction elle allait et comment elle allait reconnaître sa maison mais pourtant elle ne ralentit pas sa course. Elle devinait que le Destin lui montrerait un signe ou simplement qu'elle sentirait le sentiment de sûreté que manquait cruellement dans cet univers. La route semblait si longue et si vide, pourtant elle rencontrerait peut-être un nouvelle habitant sauf si le chat la retenait. Elle sentait qu'elle ne pourrait pas passer inaperçue, même si ce n'était pas la première fois, l'arrivée d'humaines restaient rare. Elle allait devoir supporter tant de gens différents que sa bonne humeur commença à disparaître. Mais si ce sont des personnes comme Minou, cela sera un peu moins compliqué. Même si la brunette n'était pas sociable, elle devait commencer à changer pour ne pas refaire les mêmes erreurs. Après tout, tout change et un commencement est toujours envisageable même pour la fille la plus froide de la planète... Surtout dans un monde de fous!

Sana resta sans rien dire pendant quelques temps. Je la vis dans un semblant d'intense réflexion. A quoi pensait-elle ? J'aurais aimé le savoir. Etre dans les pensées des humains aurait été si amusant. Mais c'était une chose que même ici, au Pays des Merveilles, on ne pouvait pas faire. Je regardai vers le bas, l'eau couler lentement et disparaître un peu plus loin. A quoi pouvait resembler le monde d'Alice ? Elle ne m'avait jamais vraiment parlé de cela. Un monde plus sensé et où le temps coulait encore, comme cette eau... Un monde si semblable et si différent du mien à la fois. Je ne parvenais pas à l'imaginer. pas du tout.

- Tu veux dire que ma maison est déjà construite et n'attend plus que moi? Si on était dans mon monde, on prendrait ça pour du n'importe quoi...

J'avais choisi de prendre la remarque comme une critique, cependant, je n'en voulais pas à Isana. Parce qu'elle devait être fatiguée après son arrivée. Et parce qu'elle ne me critiquais pas moi. Juste mon monde. Et je n'étais pas en colère pour une chose si futile. Je fus content que ma petite Sana se soit mise à me tutoyer. Toutes ces politesses ennivrantes m'agaçaient, me donnait envie de m'exiler dans mon manoir sans plus jamais en sortir. Je souris tendrement. Je sentais le regard de mon amie humaine posé sur moi, mais j'ignorais à quoi elle pouvait penser. Soudain, je la vis descendre le long de la goutière. je m'approchai donc du bord pour la regarder et - comme tout chat du Cheshire bien élevé le ferait - pour m'assurer qu'elle ne tombât pas. Lorsqu'elle fut sur le sol de la ville, et non plus sur les toits, elle leva son viage aux traits encore jeunes vers moi.

- ...Mais dans ce monde tout est possible. Je vais chercher ma demeure si cela ne te dérange pas. Si tu veux me dire quelque chose avant que je parte c'est maintenant ou jamais.

Je n'avais rien à dire. Je n'avais pas envie de quitter Isana, venant à peine de la rencontrer. Cependant, je n'avais pas le choix. Ce n'était pas pour bien longtemps, sans doutes.

- Non, je n'ai rien à dire. Je suis sûr que nous nous revèrons bientôt.

Je souris encore, puis disparut doucement de mon toit, sans laisser de traces...

[Fini ? =3 ]

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