Le pays de cinq heure (Chat Cheshire)

Aujourd'hui, allongé sur une branche, regardant le sol toujours le même, Cheshire s'ennuyait... Il n'y avait plus eu personne venu le voir depuis... Oh ! Combien de temps ? Il ne pouvait guère compter ! Il ignorait quoi faire pour apsser le temps n'ayant rien ni personne pour s'amuser...
D'un bond, il descendit jusqu'à la terre et tourna sur lui même, faisant voler sa longue robe autour de lui. N'était-il pas le plus beau aujourd'hui ? Si, bien sûr, comme toujours.
Partant sans trop réfléchir, il finit par arriver chez le Chapelier Fou, devant l'entrée. Le destin l'avait probablement guidé là : il avait justement envie d'une tasse de thé !
Les choses étaient logique après tout. Il n'y avait aucune raison d'aller chez cet étrange personnage si ce n'était pour profiter d'un peu de thé, et peut-être même de biscuits. On était toujours sûr dans trouver chez ce vieux !

Cheshire entra dans le jardin sans la moindre gène et marcha jusqu'à l'endroit où se tenait la table. Comme il l'avait deviné, le Chapelier était assis au milieu de la table en train de siroter son thé. Enfin, non, il n'avait deviné qu'une partie, il ignorait que le vieux se trouverait assis sur la table. Mais ça ne faisait que rendre la situation plus drôle. Sans raison apparente, Cheshire se mit à sourir si fort que sur son visage d'ange traça soudain un rictus qui n'avait plus rien d'humain.
Rapidement, il se calma et saisit une chaise avant même qu'on ne lui en donne l'autorisation. Bah... De toutes façons, il risquait de ne pas l'avoir...

A peine eus-je posé mon splendide derrière sur la chaise, que ma tasse se remplit. Hum... Comme d'habitude, le thé était parfait. Rien que son parfum qui montait jusqu'à mon nez éveillait mes sens félins. J'avais sans doute bien fait de venir après tout. Ca me changerait les idées de boire un peu et d'écouter le vieux raconter des bêtises.

- Vous arrivez à tant, il n’y avait bientôt plus de place.

Je n'eus même pas besoin de regarder autour de moi. Je savais clairement que les chaises étaient toutes libres, si ce n'est la mienne, étant donné que le Chapelier était toujours sur la table. Mais rien ne m'étonnait. Après tout, le vieux était fou. Comme moi. Comme tout le monde.

- Qu’est ce qui vous amène par ici, mon grand ? Une envie de voir le soleil ? Oh, et si vous avez l’intention de laper Mon Thé comme du petit lait, vous pouvez dégager tout de suite. Ce serait l’insulter ! Et si il y a une chose que je ne supporte pas... !

Voilà qu'il commençait... Souriant face aux paroles amusantes, je commençai à boire le thé. Un instant, j'hésitai à le laper, puis jugeai qu'il vallait mieux ne pas interrompre le magnifique discours de mon hôte. Il était comme ça à chaque fois que je le voyais. Parlant tout seul, croyant sincèrement que l'on faisait attention à lui... C'était tout lui !

- Savez vous pourquoi les merles ont le bec jaune ?

Depuis mon arrivée, je n'avais pas ouvert la bouche. J'avais déjà bu presque tout le contenu de ma tasse. A vrai dire, j'étais même étonné d'avoir reçu à boire. Je supposai qu'évidemment, la question du Chapelier était stupide. Ca semblait être le cas. Mon sourire s'étira fortement, m'enlevant toute ma grâce. Je posai la tasse vide sur la table et répondit.

- Allons, ne le savez-vous pas ? Si les merles ont le bec jaune, c'est parce s'il ne l'était pas, on les confondrait avec des corbeaux. N'est-ce pas évident ?

Je m'enfonçai dans ma chaise, levant la tête vers le ciel comme si mon hôte n'était plus là. Ma logique n'était-elle pas incroyable ? La réponse était évidente... Je restai quelques secondes dans le silence, que je trouvai étrange, sachant chez qui je me trouvai, puis, jugeant que je n'avais plus grand chose à faire comme ça, je me transformai en joli chat et bondit sur la table, renversant au passage du lait qui coula sur la nappe. Je n'y prêtai pas attention.