Drew arrive... [Le lièvre de Mars]

Drew avait couru si vite. Plus rapidement qu'elle ne l'avait jamais fait auparavant. Ce qu'elle avait fait ? Elle ne s'en souvenait plus vraiment... Mais ça devait être terrible, certainemnt. A présent, elle ne sentait plus rien, elle ne voyait plus rien. Elle avait soufert lorsqu'elle s'était réfugiée dans sa chambre. sa colocataire avait tenté de rentrer, elle avait appelé les professeurs. Drew s'était cachée, elle voulait oublier, elle voulait mourir.
Pourquoi ? ...
Le bruit des élèves criant, des anfants pleurant, des adultes grondant, tout sétait tu soudain. Drew s'était rédie, convulsée sur son lit. Elle avait hurlé. Elle aurait voulu ouvrir la porte et tous les tuer. Les entendre la supplier, les voir se tordre de douleur, sentir leur sang chaud sur ses doigts fins. Elle avait eu des pensées bien sombre à ce moment. Elle avait perdu la tête. Mais à présent, elle était calmée...
Mais elle n'osait pas ouvrir les yeux. Pourquoi ? Parce qu'elle sentait le vent carresser son visage, le sol contre son dos. Et ce n'était pas normal. Elle ne voulait pas savoir ce qui s'était passé...
Peut-être était-elle morte ?
Elle se décida finalement...

J'ouvris les yeux, pensant trouver le plafond gris de mon pensionnat de Londres. Mais il y avait un ciel bleu qui me regardait. Je m'assis brusquement. Comment était-ce possible ?! Autour de bois, s'étandaient des arbres sombres et tordus. Quel endroit sinistre... Des grincements, des grattements. Je me mis debout sans attendre, espèrant me rassurer. Pourquoi devais-je me retrouver dans une forêt obscure, moi qui avait si peur du noir...
Je regardai à mes pieds, là, se trouvait ma carte d'identité. J'ignoyrais ce qu'elle faisait là et préférai ne pas trop m'en inquièter. Il y avait aussi une adorable peluche de chat. Immédiatement, je la serrai contre moi, espèrant y trouver du réconfort.
Puis je la vis...
Il y avait une barre de métal couverte d'une matière rougeâtre qui avait sêché. Alors je me remémorai tout : les cris, leur regard, l'odeur du sang, mes mains sales.
Et je hurlai...

- Oui ? C’est bien mo… Maiiis euh !

Je sursautai. La créature ne m'inspirait déjà pas spécialement confiance aux premiers abords, mais à présent, c'était pire. Elle avait l'air si... étrange. M'étais-je trompée ? N'était-elle pas un lapin comme je l'avais supposé ? Elle se mit alors à me raconter je-ne-sais-trop-quoi à une vitesse invraisemblable. Je ne compris rien, si ce n'est quelques mots, parmi lequels "lapin" et "lièvre". Fallait-il en déduire qu'elle était un lièvre ? Oooh... Qu'avais-je fait ? Ne parlant jamais beaucoup, je manquais évidemment de tact. Il était presque certain qu'appeler un lièvre "lapin" était la pire offense possible ! Les deux animaux se ressemblaient énormément et il était difficile pour une personne telle que moi de les differencier. Aaah ! Qu'avais-je encore fait ? ...
En fait, ce n'est qu'à ce moment que je remarquai que la dame-lièvre s'était tue. Elle fronçait les sourcils d'un air assez sérieux, mais elle restait très belle. Elle avait des cheveux bruns et courts, légèrement ébouriffés. Cela lui donnait un air amusant, compte tenu de ses longues oreilles de lièvre qui dépassait de chaque côtés de son chapeau.
Me souvenant que j'avais en main une tasse de thé, et que ce dernier avait sans doute assez refroidi pour que je puisse le boire, je portai le récipient à mes lèvres. C'était chaud et doux. je ne compris pas vraiment pourquoi, mais boire me rassura. Moi qui me sentait si faible, triste et fatiguée, je crus sentir mes forces revenir, ne serait-ce qu'un peu.
Mais soudain, la dame-lièvre changea totalement d'expression, un grand sourire se dessina sur son visage et elle se mit à parler joyeusement. Je sursautai et manquai de renverser mon bon thé aux fruits.

- Alors, qui es-tu et tu viens de quel coin? Il me semble que tu as un petit accent… Moi je suis le Lièvre de Mars.

Oh non, elle voulait encore me faire parler ? ... Le Lièvre de Mars, comme dans Alice au Pays des Merveilles ? Etait-ce un pseudonyme qu'elle s'était donné ? C'était assez étrange, ma foi...

- Je... Je m'appelle Drew Williams. Je viens de Londres et j'ignore où je suis à présent...

Immédiatement, je me remis à boire mon thé. Ma situation me forçait à parler beaucoup... Ca me déplaisait fortement... Mais, en y réfléchissant, j'étais probablement recherché pour meurte.

Des cris, du sang, un regard vide...

Je me repliai sur moi-même, lachant la tasse qui se renversa sur le sol terreux. Lentement, le thé coula sur les herbes.
Pourquoi devais-je sans arrêt me rappeler ça ?! Ces images me poursuivraient-elles toute ma vie durant ?! Pourquoi ? Qu'est-ce qui m'avait pris ? ...
Je ne faisais plus attention au Lièvre de Mars - puisqu'il fallait l'appeler ainsi - et avait enfui mon visage entre mes genoux. Je ne pleurerais pas ! C'était certain ! Du moins pas en public...

- Et bien, Drew, tu es au pays des Merveilles! Et là nous sommes près de chez moi. C'est où Londres ?

Avait elle bien parlé du Pays des Merveilles ? Je pensais qu'elle s'était juste nommée Lièvre de Mars comme ça, pour s'amuser mais... Ce thé qui était sorti de nul part... Ves oreilles sur sa tête... Et le fait que je sois arrivée ici sans savoir comment.... De plus, elle ne connaissait pas Londres. Qui pouvait ne pas connaître cette ville si célèbre si ce n'est une folle vivant dans un autre monde. J'avais tant de fois lu Alice au Pays des Merveilles, mais il ne m'avait jamais semblé que le Lièvre ressemblait à ça... Je remarquai seulement maintenant que je me faisais secouer tel un prunier. Je l'entendis me dire que ce n'était pas grave. Qu'ici, tout était merveilleux et que personne ne devait jamais pleurer. Je songeai à relever le visage brusquement pour lui dire que je ne pleurais pas, mais je ne m'en sentais pas la force. Je sentis une main dans mes longs cheveux, j'étais sur ses genoux. Etonnemment, je trouvai cette sensation agréable. Depuis combien de temps n'avais-je pas reçu un peu d'affection ? Si longtemps... Lorsque je relevai les yeux, une autre tasse de thé m'était tendue. Celle-ci était blanche. En regardant à l'intérieur, je vis une rondelle d'ananas. Voilà une chose amusante. J'étais persuadée qu'il serait bon. Toujours sur les genous de Mars, je bus doucement. Je pense que je préférai l'autre, mais celui-ci avait un parfum spécial et sucré qui me plaisait néanmoins.

- A Londres, tu dis ? Tu connais sans doute Alice ? Non ? Alice sans nom, elle l’a oublié ! Londres c’est très proche de chez elle, je pense ?

Tiens ? Soudain elle connaissait Londres ? Fallait-il que je lui expliques que je vivais plus d'un siècle après Alice ? Non... Je ne tenais pas à parler...
Soudain, je réalisai quelque chose. J'étais prisonnière du Pays des Merveilles, n'est-ce pas ? Ce qui signifiait... Que jamais personne ne me retrouverait... Alors pourquoi me lamentais-je ? Au contraire, ceci étit une nouvelle vie. Pour tout recommencer.
Je me redressai, ayant fini de boire et rendit la tasse à sa propriétaire, sans un mot. Je me contentai de la regarder d'un visage inexpressif.