Ce matin-là, la Duchesse s’était réveillée de fort mauvaise humeur. Ses trois servantes avaient attrapé quelque chose, une machintrucchouettinusite aiguë, le jour même où elles devaient acheter quelque chose à manger pour le reste de la semaine. Et une Duchesse ne devait jamais avoir faim, c’était primordial! Seuls les pauvres étaient affamés!
Mary avait beaucoup hésité, puis s’était finalement résignée à aller faire elle-même ses courses, mais en ronchonnant, bien évidemment. À quoi ça servait d’être l’une des habitantes les plus riches du Pays des Merveilles si c’était pour s’abaisser à des tâches aussi humiliantes? Et dire que la Reine avait des dizaines de cartes à son service…
Elle déambula donc dans la ville, peu familière aux rues qui l’entouraient. En fait, elle n’y était jamais venue, se contentant toujours d’y envoyer quelqu’un à sa place pendant qu’elle songeait justement à ce qu’elle allait acheter la prochaine fois.
Elle regardait donc droit devant elle, cherchant des yeux le supermarché (pas évident, puisqu’il changeait souvent d’endroit, comme elle l’avait entendu dire). Elle ne vit donc pas la jeune fille qui marchait vers elle, les yeux perdus dans le vague.
"Oh ! Veuillez m’excuser "
Furieuse, Mary foudroya du regard la jeune impertinente. Elle n’avait même pas l’air surprise, comme si c’était normal d’importuner ainsi la grande Duchesse! Eh bien, elle allait apprendre qu’elle ne s’en tirerait pas aussi facilement! Non mais franchement, depuis quand les serviteurs se permettaient de bousculer les vrais gens?
Mary ne la quitta pas des yeux, prête à lui faire regretter son geste irréfléchi.
- T’excuser? Tu veux rire? Tu te permets de me bousculer, et t’imagines que je vais passer l’éponge comme si de rien n’était.
Elle se pencha vers elle, jusqu’à ce que leurs visages soient tout près.
- Eh bien, tu te trompes.